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OPJ Cyganek - Please like me

Au cours du projet « La Ligne d’Ombre » qui s’est tenu en 2013 à l’Espace Croisé, Olivier Pierre Jozef m’avait incitée à revoir le film de Michael Haneke « Le septième continent », réalisé en 1989. En effet, son installation « Bockspringen » posait un tremplin de gym, devant une séquence d’entraînement pour un saute-mouton entre deux hommes. Une courte bande sonore était extraite de ce film. OPJ Cyganek mettait ainsi en avant l’incidence de l’incommunicabilité. Dans « Le septième continent » un couple, qui pour ses proches et relations est en partance pour l’Australie, décide de s’enfermer dans sa résidence. Ils se préparent en réalité à un suicide familial et entraînent ainsi dans la mort leur fillette. La dernière scène du film m’a à nouveau perturbée par un effroi resté intact les années passant. Le couple et l’enfant alignés dans le lit parental ont un teint blafard, la couleur des médicaments qu’ils ont ingurgités et que leurs corps, n’y tenant plus, ont régurgités sans mettre fin à leur terrible dessin. Dans l’édition DVD de ce film, accompagnée d’un entretien avec Serge Toubiana, Michael Haneke dit avoir été surpris de la réception de celui-ci. En effet, une des scènes montrait la destruction brutale de l’immense aquarium avec des poissons dedans, qui jonchaient les débris, voués à succomber par manque d’eau. Le réalisateur dit avoir été déconcerté par le fait que cette scène, certes violente par le fracas des bris de verre, avait tendance à oblitérer le vrai scandale selon lui, le fait que les parents entrainaient leur fille dans la mort.

Aujourd’hui OPJ Cyganek me conseille de regarder « Please like me », une petite série australienne sur la jeunesse, les relations, la question gay, la bipolarité, la parentalité… C’est léger et revigorant. On peut se déclarer gay sans être discrédité ni rejeté par son ex petite amie, ses amis, sa famille et même pas la société alentours. On peut avoir des tendances suicidaires et être placée sous la surveillance d’un fils, sans que la situation ne pèse réellement à personne. On peut faire des séjours en hôpital psychiatrique et s’y faire des amies et y vivre sa sexualité. On retrouve son ancien conjoint, qui vit avec une très jeune femme et dont la naissance d’une fille est une bonne nouvelle pour tout le monde. Pas de place pour le ressentiment dans cette volonté de « happy ending » absolu. C’est en abordant toutes ces questions de société sans gravité que la série « Please like me » brise les tabous. Le fun l’emporte sur le dramatique et le caractère joyeux ne manque pas la question posée de l’être ensemble plutôt que la dissociation.

Mo Gourmelon : Dis moi comment as-tu trouvé cette série et comment est-elle devenue une de tes favorites ?

OPJ Cyganek : J’ai trouvé cette série sur Netflix, en cherchant quelque chose à regarder. Souvent en résidence ces derniers mois, éloigné de mon lieu de vie, de mon quotidien, c’est quelque chose de réconfortant que de m’attacher à suivre une série. Je me suis intéressé à celle-ci d’abord parce que c’est une comédie australienne.

La découverte de films comme « Priscilla, folle du désert » ou « Muriel », qui sont des productions australiennes, représentent des événements marquants de mon adolescence qui m’ont suivi dans mon parcours, comme des références. C’est donc ces critères d’origine et de genre qui ont retenu mon attention en choisissant de regarder la série « Please like me ».

Ensuite, ce sont différents motifs présents dans cette série qui me touchent particulièrement. Les sujets de la construction de soi en tant qu’adulte, de la place que l’on choisit d’occuper au sein d’un groupe, comment on se présente aux autres selon un contexte ou un autre…

Le traitement de la différence et des troubles nerveux et mentaux dans notre société amené par le personnage de la mère de Josh Thomas, tout ça sur un fond de comédie dramatique qui va du rose au noir. Ces sujets qui m’intéressent, me fascinent et participent à mon travail, se retrouvent mélangés et traités simplement dans ce programme centré autour d’un personnage principal aussi égoïste qu’attachant, qui se trouve être lui-même le créateur de la série. Le show se termine rapidement, sans usure de son charme, après 3 saisons et différentes pertes qui emmènent chacun-es à devenir responsable, de son parcours aussi bien que de celui de ses proches.

MG : Est ce que l’on peut dire que cette série a agi sur toi selon le mode de l’identification ?

OPJ Cyganek : Plutôt que de m’identifier à tel ou tel personnage, disons que cette série, comme d’autres telle que « Six Feet Under » par exemple, me ramène à un univers confortable. Chaque personnage peut m’évoquer des souvenirs aussi bien que me renvoyer à des aspirations. Ce sont des tranches de vie desquelles je suis spectateur et qui provoquent des sentiments en moi familiers.

MG : Quel est ton usage de Netflix ?

OPJ Cyganek : Netflix, Amazon Prime Video, CanalPlay, et autres moyens de Streaming, VOD, Replay… sont de nouvelles manières de consommer des séries. Facilement, on a face à soi des catalogues d’histoires à visionner. Et si l’accroche ne se fait pas directement, on passe rapidement à une suivante.

OPJ Cyganek

Saison Video 2017, online programme, LE LOUP DANS LA BERGERIE

avec OPJ Cyganek et Julie Poulain, Julie Chaffort, Tomasso Donati et Louise Deltrieux

18 septembre – 1 octobre 2017


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