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Vincent Tanguy - Black Mirror

Actuellement, je regarde occasionnellement des séries. Black Mirror est celle qui m’intéresse le plus. Je la regarde sur Netflix. J’ai la chance d’avoir un vidéo projecteur. Ce qui me permet de profiter d’une grande image avec une très bonne qualité sans subir physiquement la petite taille et la proximité d’un écran d’ordinateur portable. Je me suis essentiellement intéressé à la saison 1 et 2. J’apprécie son côté dystopique et les anticipations possibles que la série questionne. La plupart du temps, ce sont des scénarios assez simples qui sont présentés. Cependant les technologies employées permettent une complexification du récit présenté. Alors qu’en principe, on peut concevoir qu’une technique permette la simplification. J’apprécie également l’esthétique des images.

Capture d’écran d’une vidéo réalisée au 53ème étage d’une tour à Tokyo. Au 52ème étage, il y a un musée d’art contemporain. J’ai fait un zoom au maximum avec ma caméra pour regarder l’animation urbaine. On dirait une maquette ou un espace modélisé.

Récemment, je suis allé en Asie de l’Est (Corée du Sud et Japon) et j’avais vraiment, parfois, l’impression d’être dans Black Mirror. Par exemple à Séoul et dans la plupart des stations de métro, de grands écrans sont installés face à la vitre de protection. Ils servent de supports à des publicités. Je me rappelle avoir vu des publicités en 3 écrans (taille similaire aux affichages d’arrêts de bus). Les couleurs étaient « sucrées » et en mouvement, alors que tout le reste était gris, sombre et en métal. Forcément, cela attire le regard. Ce qui m’a fait penser à l’épisode 2 de Black Mirror dans lequel le personnage principal a, comme murs, des écrans. Des caméras sont également installées partout dans cette ville. Au début, c’est étrange comme sensation, j’avais l’impression d’être dans le Truman Show ou Idiocratie mais avec le temps on s’y habitue... Cette ville a un côté très « safe ». À noter aussi que la signalétique est très forte, simple, fluide et efficace, ce que j’apprécie beaucoup, surtout comparé à Paris. Entre les couleurs, les sons et les formes, j’avais parfois l’impression d’être dans l’univers du jeu vidéo Mario... surtout à Tokyo. D’ailleurs, je me rappelle avoir vu des gens circuler en karting habillé en... Mario...

Capture d’écran d’une vidéo réalisée dans un restaurant Uobei, un « fast food du Sushi », à Tokyo. Le service se fait automatiquement via un rail. On est face à un écran, des tubes fluorescents et des images de Sushi…

En tout cas, c’était une expérience impressionnante et qui m’a posé beaucoup de questions. De nouvelles pistes pour mon travail se sont ouvertes. Sans doute parce que ces villes manifestent un côté « futuriste », très régulé, « fluide » et technologique. Mais à la fois elles sont très bétonnées, massives, avec leurs routes en hauteur. C’est à la fois magique et effrayant. J’avais l’impression d’être constamment dans un trip sous LSD, là où le réel pur deviendrait un luxe. C’est assez dystopique. Je pense que Black Mirror, par exemple, est une série fortement inspirée de ces villes (Séoul et Tokyo). Comme bien d’autres films et ouvrages de science-fiction d’ailleurs.

Capture d’écran d’une vue de haut d’une tour observatoire à Tokyo. Ici, c’est pareil, on dirait que le réel est modélisé.

Photographie réalisée dans une rue à Séoul. Une affiche annonce le spectacle de ballet Back to the Future.

Sans titre, 2003. Crayons de couleurs sur papier. 21 x 29,7 cm.

Récemment, j’ai retrouvé ce dessin que j’avais fait en cours d’arts plastiques au collège. J’ai toujours été attiré par ces environnements. Ils m’interpellent et me questionnent encore. J’avais représenté l’idée d’un espace technologique, rapide à parcourir, très vitré et rectangulaire où l’humain serait devenu invisible, comme parfois dans Black Mirror.

Toutes les images ont été réalisées à Séoul et Tokyo. Certaines ont été effectuées dans les manifestations pour la destitution de la présidente Sud-Coréenne. C’était un moment historiquement fort !

Capture d’écran d’une vidéo où je filmais les manifestations qui avaient lieu tous les samedis pendant plus de 5 mois. La présidente était menacée pour affaires de corruptions et de chamanisme. Ici, elle est représentée telle une marionnette avec certains membres du Chaebols (Samsung, Hyundai, LG, SK groupe, Posco, GS groupe et Lotte) qui étaient aussi dans l’affaire.

À la fin de la résidence Seoul Art Space Geumcheon à Seoul, à laquelle je participais et qui a eu lieu de janvier à mars 2017, j’ai réalisé, entre autres, une installation vidéo.

General Synesthesia, 2017, projection, 5 mn 31, 170 x 80 cm

J’ai transféré les codes couleurs de la signalétique utilisés pour réguler les flux (vert, orange, rouge) dans le domaine du langage. Je suis parti d’un constat assez simple. Ce sont des couleurs que l’on retrouve pour de nombreux usages liés à la circulation : aéroports, banques, portiques, supermarché, etc. Ce sont des codes couleurs internationaux, logiques et abstraits. C’est un langage que l’on a intégré et dans lequel on « navigue ». De plus, la Corée a son propre navigateur internet. Ils l’utilisent pour tout. (Naver : http://www.naver.com/?mobile. Il est à noter que la couleur du logo est verte… et comme pour la Chine, le Japon et d’autres pays encore). Ce qui permet, notamment, de « réguler » l’information et les contenus. J’ai repris ces couleurs, de façon métaphorique, afin de « signaler » les propos relatés dans la vidéo. Ainsi et selon la signification des mots, la couleur change simultanément (vert: mot positif (ex: « good »)), orange: mot ambigu (ex: « may be »)), rouge: mot négatif (ex: bad)). Il y a aussi des sons employés, soit dans une phrase interrogative, soit dans une phrase exclamative. La voix est celle utilisée dans le traducteur de Naver (avec seulement 4 langues : le Coréen, le Japonais, le Chinois et l’Anglais). La voix raconte les anecdotes de ce que j’ai vu comme différences culturelles, que ce soit dans les normes, dans les attitudes, dans le sens de l’esthétisme, etc. Quand on est face à la projection, on a l’impression que l’écran est organique, vivant.

Vincent Tanguy

Saison Video 2017, online programme, PENDANT QUE LES CHAMPS BRÛLENT

Son film Unleaded Plus, 2016 y était présenté

10 - 31 juillet 2017


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