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Raphaël Bariatti-Veillon - ATTENTION ! (cliffhanger)

Le rapport que j’entretiens aux séries est trouble. J’ai ainsi pu passer par des phases de grand visionnage maladif (durant lesquelles je me calfeutrais dans ma chambre, enchaînant les épisodes les uns après les autres, jusqu’à ce que les premiers rayons du Soleil percent à travers les volets de ma chambre) à un rejet total, voyant en ce format un véritable poison chronophage et aliénant. Ainsi…

La première série que j’ai « subie » étant enfant fut Les Feux de l’Amour, soap opera adulé par mes grands parents qui d’une certaine manière avaient eux aussi un rapport pour le moins ambigu vis à vis du format de la série. Lorsque ma mère (ou plus tard moi-même) les charriait sur leur rituel de petits vieux, eux de répondre : « oh, tu sais, ça nous aide à dormir. De toutes façons, on pourrait rater une semaine entière qu’on n’aurait rien perdu de l’intrigue. » Et puis il y a peu, TF1 décida de déprogrammer la série. Ce fut le drame…

Je n’ai jamais été très série télévisée, y préférant les dessins animés (une forme de série en soit), les films et les téléfilms. Il y avait un je ne sais quoi qui me dérangeait dans le format de la série, de l’acting jusqu’au piqué de l’image. Vint alors l’adolescence et les dramas japonais. Je suis tombé dedans, presque sans m’en rendre compte. Cela n’a pas beaucoup duré, suffisamment néanmoins pour être piqué au vif par Dexter Morgan, dans la série éponyme. La vie segmentée d’un protagoniste aux antipodes du schéma classique du héros hollywoodien… Ça m’a tout de suite séduit. Ne restait plus aux cliffhangers* qu’à venir me charcuter le cerveau et créer l’attente toute nécessaire au suivi de ce long format lui aussi tout segmenté.

Zack Finfrock, Fallout - Nuka Break, web série, 2011

La série a débuté en septembre 2011, (elle est tirée d’un fanmovie éponyme, sorti en janvier 2011 sur Youtube)

Mais ce fut véritablement une rencontre amoureuse qui me fit tomber en plein dedans. Elle, dévoreuse de séries, moi dubitatif. Il ne fallut pas plus d’une semaine pour devenir le zombie dévoreur d’images qui trompait ses nuits pour de la rediffusion pirate en streaming ou via des torrents, avec cette fille en un premier temps, puis - la vie faisant son bonhomme de chemin - avec un paquet de chips ou un bol de céréales.

Je ne m’attarderai pas dans une surenchère de noms. Il est cependant important de préciser qu’à cette époque, j’aimais m’identifier à tel héros. J’aimais fantasmer sur tel personnage secondaire. Mon plaisir étant décuplé par la seule pensée que : « quand cet épisode sera fini, il y en aura encore cinq à regarder, et après il y aura la saison 2 ! ». L’aventure de ce héros/héroïne ne s’achevant pas nécessairement après les 45 minutes de péripéties, à la différence d’un film.

Et, petit à petit, j’ai décroché du format. Peut-être par lassitude (l’originalité n’étant plus vraiment le fort des séries). Peut-être également parce que ces séries, qui autrefois ne dépassaient guère les 25 minutes par épisode, (nous passerons sous silence Twin Peaks qui sur ce point est un véritable cufous**, annonciateur des longs formats à venir), arrivent à excéder les 45 minutes par épisode, 90 minutes pour les pilotes. Un format extrêmement lourd pour une réalisation extrêmement coûteuse (HBO style) qui tendrait, petit à petit, à se rapprocher du format cinéma. Là-dessus, et plutôt que de reprendre un sujet déjà traité et questionné, je vous invite à visionner L’influence du cinéma sur les séries, du Fossoyeur de films.

Le Visiteur du Futur, web série

Le premier épisode est apparu le 27 Avril 2009 sur Dailymotion, avant d’être diffusé sur Nolife le 2 Avril 2010 et sur France 4 à partir du 20 Mai 2014.

À présent, les seules séries vers lesquelles je me tourne occasionnellement sont les web-series, où je retrouve l’originalité faisant défaut aux grosses productions. Attention, je ne parle pas de l’écriture de ces grosses productions, incroyables de précision, mais dont le seul but est de garder la fanbase en haleine : Is winter coming?

Raphaël Bariatti-Veillon, Popoloff TV, 2017

C’est la question que tout le monde se pose et qui après six saisons n’est toujours pas résolue…) Mais surtout permettant à de petites équipes avec peu, voir pas de budget de créer un univers conséquent, qu’elles n’auraient pu ériger autrement qu’en le segmentant en chapitres. Une forme de création par épisodes donc, permettant sur le long terme de construire un palais, pierre par pierre.

*cliffhanger - terme anglais pouvant se traduire pas suspens ; dans une œuvre de fiction, type de fin ouverte destinée à créer une forte attente.

**cufous : néologisme - pour c’était un film ou une série ?

Raphaël Bariatti-Veillon

avril 2017

Saison Video 2016 et 2018


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